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  Dérapent dans le milieu police / justice sur le reste de la France   Retour à la liste des politiques qui dérapent   

  Voir aussi : "Sexus politicus" Affaire STRAUSS-KAHN        Le Juge Francis CARLE à Grenoble           Le juge ROCHE à Toulouse  
Scandales d'affaires de sexe : 
http://leruisseau.iguane.org/spip.php?article527   Ci-dessous : L'organisateur échappe à la justice ! ! !

        Source juillet 2011 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_ballets_roses_(1959)          Voir aussi : Benoît Duteurtre Ballets roses Affaire des ballets roses (1959)
L'affaire dite des « ballets roses » est une affaire de mœurs qui défraya la chronique en France en 1959. Cette expression de « ballets roses » est inventée par le journaliste Georges Gherra de France Soir à l'occasion de l'enquête1.
L'affaire débuta avec la parution dans le quotidien Le Monde daté du 10 janvier 1959, d'une brève informant de la mise sous mandat de dépôt, quelques semaines auparavant, d'un policier accusé de détournement de mineures.
Le 23 janvier, l'hebdomadaire politique Aux écoutes du monde étoffa l'information avec un écho intitulé « la “petite folie” du Butard » : le policier aurait avoué avoir organisé des parties fines entre des personnalités et des mineures en divers endroits de la région parisienne, dont le Pavillon du Butard. Or, ce pavillon de chasse situé tout près de Paris, dans la forêt de Fausses-Reposes, était alors mis à la disposition du président de l'Assemblée nationale.
André Le Troquer
La lettre qu'adressa publiquement au directeur de l'hebdomadaire l'homme politique André Le Troquer pour opposer aux « allégations publiées un démenti sans réserve, catégorique, absolu2 » donna une nouvelle dimension à ce fait divers.
En effet, André Le Troquer, 74 ans, mutilé de la guerre de 1914 où il avait perdu un bras, député SFIO de la Seine de 1936 à 1942 et de 1946 à 1958, avocat de Léon Blum lors du procès de Riom, résistant proche du général de Gaulle dont il fut ministre à la Libération, et enfin dernier président de l'Assemblée nationale de la IVe république (de janvier 1956 à juin 1958), était une figure de la vie politique.
Il fut bientôt inculpé, ainsi qu'une dizaine d'hommes âgés et fortunés ; des directeurs de magasins des beaux quartiers ou de restaurants chics, un coiffeur de l'avenue Matignon, deux policiers3, etc., membres du « Tout pourri » pour reprendre l'expression du Canard enchaîné.
Les faits
L'enquête établit que l'ex-chauffeur de la DST Pierre Sorlut qui se faisait passer pour un policier (il était en disponibilité) avait
trois ans durant piégé des jeunes filles (la plus jeune aurait eu 14 ans et les plus âgées 20 ans selon certaines sources 5, 12 et 18 ans selon d'autres 6, 7, alors que la majorité civile était à 21 ans et la majorité sexuelle à 15 ans) en leur proposant de rencontrer des hommes qui pourraient, grâce à leurs relations, favoriser leur carrière artistique. Fournies en alcool et en marijuana, elles exécutaient pour un public d'amateurs des spectacles érotiques dont certaines chorégraphies étaient imaginées par une artiste peintre, ex-actrice, alors compagne d'André Le Troquer (d'où le nom de « ballets roses »). Persuadées de favoriser la carrière de leurs filles, certaines mères auraient été consentantes.
Le procès
À l'issue du procès, le 10 juin 1960, vingt-deux des vingt-trois prévenus furent condamnés. L'organisateur, Pierre Sorlut, écopa de cinq ans de prison ferme. D'autres peines de prison furent prononcées, ainsi que des amendes. Quant à André Le Troquer, le tribunal ne lui tint rigueur, ni d'avoir prétexté une machination politique destinée à le salir, ni d'avoir accueilli ces parties fines dans un palais de la République : tenant compte d'un « long passé de services rendus » et ne voulant pas « accabler un vieil homme », il ne lui infligea qu'un an de prison avec sursis et 3 000 francs d'amende, condamnation confirmée en mars 1961.
Les rumeurs
De nombreuses rumeurs entourèrent cette affaire, qui allèrent d'une participation plus active des notables aux chorégraphies jusqu'à des orgies sado-masochistes organisées dans le Palais Bourbon. Aujourd'hui encore, l'expression « ballets roses » renvoie communément à des pratiques encore plus criminelles et mettant en scène des viols (dans le sens commun du terme), voire des meurtres. D'autre part, le fait que Pierre Sorlut ait été, durant l'année où il travailla officiellement pour la DST, le chauffeur de son directeur, le gaulliste Roger Wybot, a alimenté la thèse d'une machination destinée à perdre le socialiste Le Troquer.
Son retentissement fut atténué par une actualité chargée, qu'il s'agisse, sur le plan politique, de la guerre d'Algérie, ou, sur le plan judiciaire, de l’affaire Lacaze.

 

Le scandale

À peine le général de Gaulle est-il installé à l'Elysée qu'une rumeur circule dans les salles de rédaction parisiennes. Tout commence par quelques lignes dans Le Monde du 10 janvier 1959 :

« M. Sacotte, juge d'instruction près le tribunal de la Seine, a placé sous mandat de dépôt, il y a quelques semaines, pour détournement de mineures, un policier placé actuellement "en disponibilité" :
Jean Merlu, âgé de 34 ans. Jean Merlu aurait, sous la promesse fallacieuse d'aider à leur carrière artistique, conduit de très jeunes filles dans une villa de Seine-et-Oise, où elles devaient donner, devant un parterre d'habitués
, des spectacles licencieux. Merlu a mis en cause plusieurs personnalités. L'enquête se poursuit. »

L'information reste discrète et l'affaire ne fait guère couler d'encre au cours des deux semaines suivantes. Pourtant, des personnes bien informées murmurent déjà qu'André Le Troquer, éminence politique du régime défunt, serait mis en cause dans ce scandale de mœurs.

 

Ballets roses

Jusqu'à la fin janvier, cette rumeur est éclipsée par un autre fait divers : l'affaire Guillaume-Lacaze, qui met en jeu des sommes considérables, après la mort suspecte du collectionneur de tableaux Jean Walter. Le froid exceptionnel qui sévit en France occupe également beaucoup de place dans les journaux ; mais aucun patron de presse ne semble pressé de lancer le nom d'un homme politique aussi important que Le Troquer, faute d'éléments tangibles. Tout s'accélère pourtant après la parution, le 23 janvier, dans le magazine Aux Ecoutes du monde, d'un article intitulé « La petite folie du Butard ». Visiblement bien informé, le journaliste met explicitement en cause l'ancien président de l'Assemblée nationale qui aurait reçu dans sa résidence, près de Paris, ce policier véreux accompagné de très jeunes filles.

Au lendemain du changement de régime, après des mois d'affrontement entre de Gaulle et les tenants de l'ancien système parlementaire – dont Le Troquer reste l'emblème –, cette information éveille quelques sourires narquois. Pour les uns, il n'est pas impossible que le vieux leader de la SFIO recueille les fruits de son opposition virulente au Général. D'autres ne sont guère surpris de voir ce politicien menant grand train, cet amateur de femmes à la réputation douteuse, mouillé dans une affaire louche... Quoi qu'il en soit, la police et la justice protègent assez mollement le secret de l'instruction.

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Evoquant cette affaire encore mystérieuse, Georges Gherra, journaliste à France-Soir, invente l'expression « ballets roses », aussitôt reprise par Le Figaro qui annonce I'inculpation du policier suspect : « Actuellement le seul détenu d'une affaire sur laquelle une importante personnalité de la IVe République semble assez bien renseignée : des jeunes filles désireuses de devenir mannequins ou danseuses classiques étaient attirées par l'ins­pecteur Marlut [sic] dans une villa de Seine-et-Oise. » Le lendemain, Le Monde revient sur « l'affaire des ballets licencieux », dans laquelle « l'ancien policier Merlu a mis notamment en cause, on le sait, une personnalité de la IVe République ». Le 29 janvier, il annonce que « d'autres inculpations sont attendues ». Sans donner de noms, le quotidien du soir confirme qu'« une de ces réunions aurait notamment eu pour cadre un pavillon historique situé dans la banlieue ouest de Paris et mis à la disposition d'un haut personnage de l'Etat ».
Dans la plupart des brèves qui se multiplient à Paris comme en province, André Le Troquer n'est pas encore directement désigné, mais ce « haut personnage de l'Etat » ne fait plus mystère pour personne. La presse, d'ailleurs, semble régulièrement alimentée en nouveaux détails : on parle de whisky et de pain d'épice que Merlu et ses comparses distribuaient aux jeunes filles. Tout est bon pour enrichir le tableau d'orgies entre un groupe de notables

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et quelques jeunes filles mineures, manipulées par un inspecteur de police. L'expression « ballets licencieux » alterne avec celle de « parties fines », pour évoquer ces amours collectives précédées de séances de strip-tease ; mais l'expression « ballets roses » prend rapidement le dessus.

Le nombre de suspects de ce qu'on n'appelle pas encore un « réseau pédophile » paraît chaque jour plus important. La curiosité accordée à ce scandale semble toutefois principalement liée à la mise en cause du célèbre politicien. Sa présence au cœur de l'affaire réveille un vieux fantasme renvoyant au siècle de Louis XV et du marquis de Sade : l'homme de pouvoir abusant de jeunes créatures innocentes. Maints détails nourrissent d'emblée cette imagerie inspirée du libertinage : en premier lieu le décor du Butard, ce pavillon de chasse de Louis XV (justement) qui servait de résidence secondaire au président de l'Assemblée. Le journal Libération du 29 janvier parle d'une affaire «très Régence ». Les plumes et les esprits s'échauffent, pour décrire les bacchanales au cours desquelles une assemblée de barbons aurait fait accomplir à un groupe de jeunes vierges quantité de numéros déshabillés. Ce qui devrait être une affaire sordide prend des couleurs affriolantes pour ceux qui n'accéderont jamais au luxe des palais nationaux.
Pourtant, jusqu'aux derniers jours de janvier 1959, les faits restent imprécis, les formulations prudentes. C'est alors que l'ancien président de la

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Chambre des députés choisit de monter au créneau pour exprimer son indignation devant la rumeur qui se répand. Le 27 janvier, Le Troquer envoie une lettre au directeur du magazine Aux Ecoutes, Paul Lévy, qui l'a explicitement mis en cause. Repris le surlendemain dans Le Figaro, Combat et d'autres grands journaux, ce texte tente de répondre précisément aux accusations :

« Pendant plusieurs années, j'ai été l'occupant régulier du Butard et rien de ce que vous racontez ne s'y est jamais passé. C'était pour moi un lieu de travail tranquille et peu d'amis y venaient, deux ou trois fois par année.
Il y a une dizaine de mois environ, j'ai connu un garçon qui avait bonne tenue, qui semblait être de bonne famille, qui était sympathique, quoi qu'on dise de lui aujourd'hui.
Il m'avait été recommandé par des amis et il était venu me voir avec un de ses frères, modeste industriel de province.
Ensuite, j'ai eu l'occasion de le soutenir à propos d'un petit drame sentimental qui l'avait bouleversé et le laissait désemparé.
Il s'était attaché à moi et me sollicitait parfois d'appuyer quelques requêtes qui me semblaient légitimes.
A plusieurs reprises, il me demanda de visiter le Butard. J'étais souvent sollicité et par beaucoup de gens.
Un soir, il est venu en compagnie. J'ai refusé de le recevoir parce qu'il était dix heures.

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Revenu une autre fois en compagnie de deux personnes, je l'ai reçu et ai fait visiter la maison. I1 n'y avait pas de fillette.
Trente ou quarante minutes ont dû s'écouler. Ni le garçon ni les personnes qui étaient avec lui ne sont jamais revenus.
Alors, j'affirme que je ne connais rien des histoires que vous racontez sur "des convives sélectionnés".
Que je ne connais rien des "figurantes chorégraphiques".

Tout cela ne me concerne pas et j'oppose aux allégations publiées un démenti sans réserve, catégorique, absolu.
Mais je veux dire que j'avais été informé, de source très sérieuse, que tout serait tenté contre moi, y compris la suggestion faite à l'inculpé qu'il aurait intérêt à forcer la vérité, qu'il pourrait y trouver avantage.
Nous n'en sommes pas encore au vol des tours de Notre-Dame, mais il s'en faut de peu, dans une affaire où mon nom a été jeté pour servir d'appât.
Et ce moment a été particulièrement choisi. »
La dernière phrase est claire : l'homme politique déchu, depuis le mois de novembre, désigne le nouveau pouvoir comme responsable d'un complot dont il serait la victime. C'est le meilleur moyen — après ce que certains qualifient encore de « coup d'Etat » gaulliste — pour balayer les accusations. Sachant que l'instruction en cours n'autorise guère d'approximations, André Le Troquer choisit précisément les

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termes de ses dénégations : elles concernent les « fillettes » et autres « figurantes chorégraphiques » devant des « convives sélectionnés ». En revanche il ne réfute pas la visite au Butard de cet entremetteur accompagné de « deux personnes ». Il omet seulement de préciser qu'il s'agissait d'adolescentes, sinon de fillettes. André Le Troquer organise sa défense, mais il est trop tard : la machine judiciaire va le contraindre à aller de recul en recul.
Le « garçon sympathique » auquel il a fait allusion n'est autre que Jean Merlu, ce policier qui, selon la presse, recrutait les jeunes filles pour les fournir aux notables. Il n'appartient pas, en fait, aux services de police, mais il a travaillé comme chauffeur à la DST et semble persuadé de bénéficier de protections en haut lieu. Principal inculpé de l'affaire, écroué pour « incitation de mineurs à la débauche », c'est lui qui a révélé l'identité des" personnalités — impliquées — tout en se présentant comme un proche d'André Le Troquer.
Le 1er février 1959, l'ancien président de l'Assemblée nationale est convoqué au cabinet du juge Marcel Sacotte, homme austère et sec à la réputation d'incorruptible (auteur d'un livre, La Prostitution, il a également instruit, quelques armées plus tôt, la fameuse affaire des «bijoux de la Bégum »). Vers dix heures et demie, le politicien arrive discrètement au Palais de Justice, par une des portes du quai de l'Horloge, tandis que des groupes de gendarmes situés aux entrées principales

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