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Les portables peuvent être des mouchards . LE SCANDALE .
L'empêcher de recevoir ou d'émettre. Et de transformer en micro qui a votre insu sonoriser la pièce ... Source le point du 28 avril 2005   Voir pages 62 , 63 , 64 schéma , 64 texte , 65a , 65b , 66 , 67 , 68 , 69

BIG BROTHER 2012
Source : Le Canard Enchainé du 12 septembre 2012 recopie ci-dessous

Le ministère de la Justice cache ses trop grandes oreilles
Toutes les écoutes judiciaires vont être centralisées et gérées par une société privée. Un projet tentaculaire, classé

C'EST Big Brother qui va être jaloux ! Dans les prochains mois, les 40 000 écoutes judiciaires effectuées chaque année en France et les 5 millions de réquisitions adressées, à la demande des magistrats, aux opérateurs téléphoniques par les policiers, gendarmes et douaniers seront centralisées dans une « plate-forme nationale des interceptions judiciaires ». Ce gigantesque Meccano électronique, mis en place depuis 2006 par le ministère de la Justice et qui touche au cour des libertés publiques, n'a pourtant fait l'objet d'aucun débat. Ni au Parlement, ni au gouvernement, ni dans les instances judiciaires, encore moins sur la place publique.

Et les curieux sont priés de passer leur chemin : l'intégralité du dossier a été classée « confidentiel-défense » par le précédent gouvernement. Une décision d'autant plus surprenante que la Place Vendôme aurait pu se contenter de classifier les seuls détails techniques intéressant la sécurité des installations.

Espionnage judiciaire

Cette « plate-forme nationale » est destinée à rassembler, à gérer et à stocker une quantité hallucinante d'informations très privées. Qu'il s'agisse de l'identité d'un abonné, de la liste de ses appels (reçus et passés), du contenu de ses conversations, du détail de ses SMS ou de ses courriels, de la copie des pages Internet qu'il a consultées, de l'inventaire de ses achats en ligne, voire de ses données de géolocalisation.

Les procès-verbaux rédigés par les enquêteurs seront également conservés dans l'ordinateur central. Seules les écoutes administratives, demandées

par les services de renseignement et réalisées, après autorisation du Premier ministre, par le Groupement interministériel de contrôle, échapperont au nouveau dispositif.

Une banque de données si formidable pourrait permettre à un gouvernement malintentionné ou à des informaticiens malveillants de suivre en temps réel les enquêtes les plus sensibles et de placer sous surveillance les juges qui en sont chargés. Mais le classement « confidentiel-défense » interdit de savoir si le dispositif a été efficacement verrouillé.

Poulets à la diète

Ses promoteurs assurent pourtant que leur installation sera plus sûre que le système actuel, éclaté en 350 plates-formes locales, implantées dans les services de police et de gendarmerie, et qui fait appel à cinq ou six sociétés privées. Aujourd'hui, les enquêteurs étant en relation directe avec les « fournisseurs d'écoutes », la tentation est parfois grande pour les poulets et les pandores de faire du hors-piste judiciaire.

Ils peuvent, par exemple, en ajoutant en douce un nom dans une réquisition rédigée par un juge, espionner en toute tranquillité une personne qui n'aurait jamais dû l'être. C'est le vieux truc de l'« écoute-taxi ». Une manouvre qui sera beaucoup plus délicate à réaliser au sein d'une plate-forme nationale, où l'on peut savoir à tout instant qui écoute qui et à quel titre.

Le matériel en service est aussi sujet à caution. En 2005, Martine Monteil, alors patronne de la police judiciaire, avait alerté sa hiérarchie après avoir découvert que les

techniciens chargés de la maintenance des appareils de la société Elektron pouvaient accéder librement au système d'écoutes.

Mais, si l'ancien dispositif n'a jamais assuré une étanchéité totale, les dégâts éventuels restaient limités. Sauf à imaginer que les 350 plates-formes puissent être piratées en même temps. En revanche, avec un système unique et centralisé, les conséquences possibles d'un acte de malveillance ont de quoi donner le vertige.

Et, pour l'instant, les rares informations qui filtrent ne sont guère rassurantes. Ainsi, la plate-forme nationale n'a pas été installée dans une enceinte judiciaire, mais directement

dans les locaux de la société Thales, qui a remporté le marché en 2010.

Or rien ne garantit que les techniciens de cette société ou de divers sous-traitants ne pourront pas avoir accès aux informations confidentielles. Autre détail inquiétant : les logiciels qui permettront d'intercepter et de trier les communications Internet sont les mêmes que ceux qui ont été vendus, voilà quelques années, par la société Amesys à Kadhafi pour surveiller sa population.

Plus étrange encore : la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), qui doit être obligatoirement consultée en cas de création d'une installation de ce genre, n'a

 

pas encore été saisie du dossier. La plate-forme est pourtant en chantier depuis six ans et doit commencer à fonctionner dès cet automne. Comme si l'avis de la Cnil comptait pour du beurre.

Enfin, aucun organisme indépendant chargé de contrôler le projet et de surveiller le fonctionnement futur des installations n'a été mis sur pied. Mais, bien entendu, la Chancellerie est, par nature, au-dessus de tout soupçon...

La nouvelle équipe ministérielle ne semble découvrir qu'aujourd'hui les dégâts. Il va falloir resserrer quelques boulons », admet-on Place Vendôme. Avant de promettre de « coopérer avec la Cnil » et de « mettre en place une véritable instance de contrôle ».

Pas question pour autant de tout remettre en question. D'abord pour des raisons de coût (voir encadré), mais aussi pour ne pas avoir l'air de capituler face à 1'« assaut lancé par le ministère de l'Intérieur ». En effet, de nombreux responsables policiers et des syndicats de poulets sont partis en guerre contre ce Big Brother national. Des assaillants qui se gardent bien de défendre ouvertement leur pré carré et qui préfèrent jouer - à fronts renversés - le rôle de défenseurs intransigeants des libertés contre un système hypercentralisé, imaginé par des magistrats des politiques.

Rien à voir avec une guerre de positions...

Hervé Liffran

La facture du plombier

Le coût réel de la plate-forme nationale serait-il, lui aussi, classé « confidentiel-défense » ? Le ministère de la Justice n'a, pour l'instant, publié aucun chiffre. A l'automne 2007, Bercy s'était contenté d'annoncer un budget prévisionnel de 17,6 millions. Mais, si l'on additionne les rares chiffres communiqués depuis par le ministère des Finances, la douloureuse atteindra au moins 42 millions en 2013. La nécessité de créer un dispositif de secours capable, 24 heures sur 24, de prendre le relais de l'installation principale en cas de panne a, semble-t-il, contribué à gonfler la facture.

Le projet est pourtant censé générer des économies importantes, chiffrées à « plusieurs dizaines de millions par an » par la Chancellerie. Il

est vrai que les écoutes judiciaires coûtent chaque année 36 millions à la justice. Sans compter les 25 millions versés par la police et la gendarmerie pour la location de matériel spécialisé.

Mais, à en croire de grands chefs policiers, les économies promises restent à démontrer. Selon eux, la création de la plate-forme nationale nécessite une refonte totale du réseau national de transmission, dédié aux informations protégées et installé dans les commissariats et les gendarmeries. Une facture estimée à plusieurs dizaines de millions par un haut gradé. Mais le cabinet du ministre de l'Intérieur, sollicité par « Le Canard », refuse farouchement de s'exprimer sur ces chiffres.

Ils ont peur d'être sur écoutes ?