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 " LE VRAI CANARD "  de KARL LASKE - Laurent VALDIGUE - éd. Stock - Nov. 2008  pages 198/199 , 200/201 , 202/203 ; 204/205
Faut-il s'étonner que des affaires impliquant des francs-maçons échappent à la publication par le Canard ?


"J'ai une importante communication à vous faire. Mon ami Victor Chapot, qui est intime avec le président de la République et avec qui je vais fréquemment à la pêche, vient de m'annoncer que Giscard a décidé d'entrer en maçonnerie. "La pêche, c'est instructif. »

Souci de ne pas trop mouiller le GO comme étant l'informateur du Canard ? Gaillard brouille ensuite les pistes en impliquant cette fois la GLNF, autre obédience concurrente marquée à droite. « À vrai dire, les dirigeants de la Grande Loge nationale française (ne pas confondre avec la Grande Loge tout court) n'ont pas été très surpris par les informations du Canard. Depuis quelques semaines déjà, l'un d'entre eux, Eugène Chambon, marchand de bois et copain de Roger Frey (garde des Sceaux, NDLR), leur avait annoncé que Giscard avait l'intention de se convertir à la franc-maçonnerie. » On voit ici que Michel Gaillard a ses entrées dans toutes les obédiences, mais qu'il semble ignorer qu'on ne dit pas « convertir », comme en religion, mais « initier »... Michel Bassi, alors porte-parole de l'Élysée et membre de la GLNF, a une explication plus péremptoire sur le scoop du Canard : « C'est un coup fourré des francs maçons prochiraquiens qui cherchent à nuire au chef de l'État. »

Bien des années plus tard, en mai 1993, le Canard remet le couvert à propos de Hassan II : « Le roi du Maroc veut se payer un tablier de franc-maçon ». Et de raconter en détail comment le monarque envisage la chose : « Pas question pour un souverain de commencer, dans la hiérarchie franc- maçonne, comme simple "apprenti", ce serait contraire à son rang. » Et d'administrer cette piqûre de rappel à VGE :
« Giscard avait eu la même exigence au début de son septennat. Il s'était alors heurté à un refus poli mais ferme de toutes les grandes obédiences, même celles qui lui étaient politiquement favorables. »
Ce qui, du point de vue du Canard, doit s'entendre comme un compliment.


Le journal reste finalement très discret sur la franc-maçonnerie. Dans les années 1990, le Canard mentionnera avec parcimonie l'appartenance à la GLF ou à la GLNF des nombreux protagonistes des affaires politico-financières. Alain Guédé, l'un des deux journalistes qui suivaient ces dossiers, est lui-même membre du Grand Orient'. En 1995, un putsch ourdi en coulisse au Grand Orient ne fait qu'un articulet, quand de longs articles fleurissent sur le sujet dans la presse. Des convents houleux, le GO en connaîtra bien d'autres par la suite. « Le Canard pourrait quand même en parler », regrette un membre de l'obédience.

1. II sera plus exhaustif sur la franc-maçonnerie dans les affaires dans ses livres, coécrits avec Hervé Liffran : La Razzia, enquête sur les fausses factures et les affaires immobilières du RPR, Stock, 1995, et Péril sur la chiraquie, Stock, 1996.