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Biens
spoliés par l'utilisation du fichage de la police financé par ATER 20.000 fichiers de la police acheté 600.000€
Fichage et vidéo pour des raisons de sécurité ? Quand les données tombent entre les mains de personnes sans scrupules, votre sécurité devient un cauchemar ! ! ! ! Surtout lorsqu'il s'agit de policiers !
Dans la «vraie vie» comme sur Internet, nous sommes de plus en plus transparents aux yeux des marchands. Les risques de dérives sont réels, d'autant que la loi est mal respectée. Notre enquête et nos conseils pour préserver votre vie privée.
Souriez, vous êtes fichés
Dérapages en tout genre
Le fichage permet
de nous envoyer
la bonne publicité
au bon moment
Commander une pizza à domicile, quoi de plus banal ? Mais ce jour-là, pour Jacques Lavoie, tout tourne mal. Entre autres péripéties, la standardiste lui déconseille la pizza mexicaine, au motif que son assurance santé le lui interdit, se demande comment il va bien pouvoir régler vu l'état piteux de son compte en banque et finit par essayer de lui fourguer un contrat de protection juridique: puisqu'il est actuellement chez une femme qui n'est pas la sienne et qu'il vient d'acheter une boîte de préservatifs à la pharmacie, l'aide d'un avocat pourrait être utile en cas de divorce. Le texte complet, en ligne, s'intitule «Commander une pizza en 2015 ». C'est de l'humour, c'est de la fiction. Mais, comme on le sait, la réalité la dépasse trop souvent.
Car fichés, surveillés, pistés, nous le sommes de tous les côtés. Sujet propre à enflammer les polémiques, les fichiers de police et leurs dérives (voir encadré, p. 20) ont fait la une de l'actualité à l'occasion du projet Edvige. Mais l'État n'est pas le seul Big Brother à s'intéresser à nos faits et gestes. Les entreprises privées nous observent sous toutes les coutures. Le temps est loin où l'on se contentait de matraquer le mêmemessage publicitaire destiné à des millions de téléspectateurs ou de passants. Aujourd'hui, le maître mot pour bien vendre, c'est la personnalisation. La pub doit s'adresser à chacun selon ses caractéristiques. Et pour cela, il faut nous recenser, nous catégoriser, nous ficher.
Traqués dans notre quotidien
Prenez Marie, qui vient de donner naissance à un beau bébé. A peine rentrée à la maison, elle reçoit des offres de magasins de layettes et des bons de réductions sur le lait infantile. Le photographe de la maternité a vendu la mèche. Pour accueillir cet enfant, Marie a dû déménager. Sa nouvelle boîte aux lettres est envahie de courriers à son nom envoyés par les magasins des environs. Si elle avait su, elle aurait lu attentivement le formulaire de réexpédition de La Poste et coché la case interdisant la revente de ses coordonnées à des partenaires... Un agrandissement de la famille a aussi nécessité l'achat d'une nouvelle voiture. Dans quatre ans, Marie recevra des offres de centres de contrôle technique mentionnant le modèle et le numéro d'immatriculation de son véhicule : ses coordonnées figurentMarie a pris une carte de fidélité. Grâce à l'analyse de ses achats, l'enseigne a pu la classer dans la catégorie «jeunes parents, revenus élevés, maison individuelle avec jardin » et lui proposer des offres en conséquence. Des offres qui viendront s'ajouter à celles, nombreuses, qu'elle reçoit quotidiennement, puisque la jeune femme a aussi répondu à la «grande enquête sur la consommation des foyers», une suite de questions parfois fort indiscrètes qui n'a d'autre but que faciliter la vie des entreprises cherchant à proposer « la bonne offre au bon moment par le bon canal ».
Internet: la mine d'or
Un bon canal qui a de plus en plus tendance à s'appeler Internet. Alors que les dépenses en marketing direct diminuaient globalement de 2% entre 2007 et 2008, elles faisaient un bond de 20% sur le Web. Là où aucun de vos clics n'est à l'abri des regards indiscrets. Lorsque vous naviguez sur Internet, les sites visités placent sur
EN AOÛT DERNIER, nos confrères de Capital piratent sans difficulté huit sites importants, de Facebook à Orange, en passant par le Titre emploi service ou Virgin Mobile, accédant aux données personnelles (identité, mot de passe, données bancaires) de millions d'internautes. Usurpation d'identité, escroqueries, revente de données: autant de malversations auxquelles auraient pu se livrer de vrais pirates.
EN JANVIER DERNIER, le site de recherche d'emploi monster.com, « leader mondial de la gestion de carrière et du recrutement en ligne» annonce que des pirates ont eu accès aux identités, numéros de téléphone, adresses mails et mots de passe d'un nombre
EN SEPTEMBRE 2008, le piratage du compte bancaire de Nicolas Sarkozy révèle la facilité avec laquelle n'importe quel salarié d'une société détenant des fichiers en l'occurrence Téléperformance, leader de la relation client - peut accéder à des données sensibles.
EN AOÛT 2008, un ordinateur contenant les données bancaires d'un million de clients anglais est vendu sur eBay pour 44€. Dans l'année précédant cet incident, les services fiscaux et la première banque britannique avaient égaré des CD-Rom où figuraient les données de plus de 25 millions de citoyens.
EN FÉVRIER 2009, Facebook modifie discrètement les conditions d'utilisation de son site. Les données fournies par les usagers seront conservées et pourront être exploitées à vie, même si l'internaute ferme son compte. La colère des usagers oblige le site à revenir sur sa décision.
EN JUIN DERNIER, le centre Leclerc de Granville (50) résilie les cartes de fidélité des clients agriculteurs (mention renseignée à la rubrique profession
EN OCTOBRE 2006, la Cnil révèle l'existence de fichiers illégaux de «mauvais payeurs» dans de nombreux hypermarchés. Depuis, nous avons été saisis d'inscriptions abusives à ces fichiers dans plusieurs enseignes (Carrefour, Cora).
EN AVRIL DERNIER, la Cnil condamne le centre Leclerc de Bois-d'Arcy (78) pour avoir fiché ses clients sans le lui déclarer et sans les avertir. Le fichier contenait des commentaires tels que « client de mauvaise foi », « attention, mari avocat maître chanteur », etc.
EN 1995, le client d'un supermarché Vons, aux États-Unis, glisse sur un yaourt tombé par terre et se fracture la rotule. Il intente un procès au magasin. L'avocat de celui-ci lui proposera une transaction, au motif que sa carte de fidélité témoignait de nombreux achats d'alcool, peut-être pas sans rapport avec sa chute